2009-12-21

Je vous offre un petit cigare?

Pourquoi petit...

Je vais vous offrir un cigare. Oui, l'un d'entre vous aura le droit au cigare de son choix que je lui offre comme cadeau (oubliez les Behike à 500 dollars et autres Septimo, on reste raisonnable). Nous irons ensemble dans une civette pour faire notre choix, et dégusterons tous les deux la même vitole.
Mais comme vous êtes plusieurs, va falloir sélectionner le grand "gagnant" de ce cadeau!
C'est très simple, il suffit de mettre à la suite de ce message un commentaire.. le meilleur aura le cigare.
Alors que vous soyez débutant, grand débutant, ou même très grand débutant, ou bien amateur averti et même expérimenté, à vos claviers!
Afin de reconnaître le gagnant parmi les commentaires (hein, qui me prouve que c'est bien celui qui se réclame du message qui l'a bien écrit?), je vous invite à me l'envoyer juste avant par mail sur juban.nicolas@gmail.com ...


2009-12-09

Hanukkah du cigare!

"C'est quel jour et à quelle heure?
-Euh, attends, je regarde.... C'est samedi le premier jour. Attends, mais ça commence vendredi, mais samedi est le premier jour.
-Alors c'est vendredi ou samedi?
-Bah, tu allumes le vendredi soir."
Allumer quoi? Une bougie... oui, mais aussi un cigare!
Tous les ans, c'est la même chose, on s'y prend au dernier moment pour savoir quand tombe exactement Hanukkah (les musulmans comprendront très bien, je crois qu'ils ont souvent le même soucis avec le début du Ramadan). Hanukkah, c'est quoi? Certains diront que c'est comme Noël, sauf que ça dure huit fois plus longtemps, c'est pas faux. D'autres diront qu'au lieu d'allumer le sapin, on allume les bougies sur un chandelier pendant huit soirées... c'est pas faux non plus. C'est la fête du retour de la lumière dans le judaïsme (et oui, le solstice d'hiver n'est pas loin).
Mais quel est l'intérêt de tout ça pour le fumeur de cigare? C'est simple, nous allons faire... LE HANUKKAH DU CIGARE! Le plus génial c'est que Hanukkah commence... ce soir!
Pour savoir comment ça fonctionne, il faut rappeler le principe de base de Hanukkah (ça se prononce Chanouka avec Ch comme dans Bach qui se prononce comme la jota espagnole).
Premier soir, on allume deux lumières sur la chandelier à neuf branches. Une première lumière qu'on appelle le shamash qui servira à allumer la seconde.
Second soir, on recommence; on allume le shamash mais cette fois ci il servira à allumer deux lumières, etc, tout ça pendant huit jours, et donc à la fin tout le chandelier sera allumé. Pour la signification religieuse de Hanukkah, vous avez qu'a vous renseigner vous même sur internet (on est sur un blog cigare, pas dans un kibboutz).
Là, vous avez deux réactions: Quel rapport avec le cigare? Quel rapport avec moi (donc vous, pas moi) qui ne suis pas Juif (si vous êtes pas juif) et encore moins pratiquant (si vous l'êtes pas non plus)?
Pour la seconde question, messieurs, ça peut se résoudre très simplement...

Ce soucis étant réglé, sachez qu'il n'est nullement utile d'être Juif pour profiter du Hanukkah du cigare, il suffit juste d'avoir un peu de souffle et d'avoir avalé un solide repas avant.
Pour nous le shamash sera notre briquet favori, et les lumières qui sont allumés seront donc les cigares.
Donc le premier soir, on allume son cigare à 16h00 à Paris (vérifier en fonction de votre lieu de résidence à quelle heure se fait le premier allumage des bougies de Hanukkah pour savoir à quelle heure allumer votre cigare, ça peut varier grandement). Si tu vérifies mon horaire, tu constateras que partout ailleurs, l'horaire donné est 16h36... mais comme tu es malin et cultivé, tu sauras que le vendredi soir, y'a Shabbat, donc on peut pas allumer son cigare pendant. On va être encore plus malin, on va choisir pour ce premier soir un cigare qui peut se fumer en 30mn... J'ai choisi un El Rey del Mundo demi-tasse, c'est pas très grand et pas très épais, comme ça on est largement dans les temps.
Pour les autres soirs, on allumera les cigares à partir de 17h48, sauf bien sur le dernier qui retombe un vendredi soir et re-allumage à 16h, mais je vais revenir sur ce dernier soir qui va poser un soucis. Donc le deuxième soir tu allumeras deux cigares, le troisième, trois, etc. Je préfère le préciser, les cigares, tu ne les allumes pas tous en même temps, mais les un à la suite des autres. Si tu arrives à fumer tes sept cigares l'avant dernier soir, ce qui te ferait donc finir vers 6 ou 7 heures du matin, tu auras le droit à un fallafel offert par moi-même de chez "L'As du Fallafel" et si tu n'aimes pas ça on se prendra du pastrami et du foie hachée avec du pains aux oignons chez Finkelsztajn (c'est tellement bon...).
Attention! Dans ton choix de cigares assure toi bien que tu vas fumer crescendo, en commençant par le plus léger en allant vers le plus puissant, c'est essentiel pour ne pas te retrouver en fin de nuit en ayant l'impression de ne fumer que de la paille.
Dilemme pour le dernier soir qui se trouve être aussi le soir de Shabbat, car si allumer les huit lumières du chandelier avec le shamash ne pose pas de soucis particulier car ça se fait rapidement à la suite, pour tes cigares, il faut le temps de dégustation entre chacun. Plusieurs possibilités s'ouvre à nous: primo, tu n'es pas Juif (ou pratiquant) et donc tu t'en fous de Shabbat, c'est bien légitime, tu vas donc pouvoir te fumer les huit cigares, mais c'est là que tu te rends compte que comme tu n'es pas Juif (ou pratiquant), tu n'avais pas forcément besoin de faire le Hanukkah du cigare, mais quand même c'était marrant. Secundo, tu veux faire le truc jusqu'au bout et tu allumes les huit cigares en même temps et tu prendras une bouffée sur chacun à la suite. Tertio, tu ne t'es pas encore remis de tes sept cigares de la veille et du sandwich au pastrami que je t'ai offert pour te féliciter et tu déclares forfait pour le dernier soir... tu feras shabbat malgré toi.


Et Moïse dit au peuple d'Israël: "Les mecs, vous voyez, en fait c'est comme du Discount, tu as UN seul dieu pour le prix de plusieurs."



2009-11-26

La journée idéale du fumeur de cigares


Après m'être un peu égaré entre les tripes et la philo, je retourne à la base... Le cigare. Le cigare est aussi une gestion particulière du temps, on n'en est plus tout à fait maître; il faut accepter de ne plus tout contrôler. C'est pour ça que la journée idéale du fumeur de cigares ne lui appartient pas tout à fait: il donne le "la" et suit le rythme qui vient.
Je ne voulais pas commencer ce qui suit à la façon d'un roman français, comme l'explique Gourio, ce qui aurait donné un truc du genre "Ce matin, je me suis levé, l'air hagard"... Rien qu'en écrivant cette phrase, j'ai failli m'endormir. Un roman français, c'est quoi? Tout simplement un mec qui met trois chapitres pour t'expliquer comment il s'est explosé un bouton dans le dos et quatre de plus pour te raconter comment il s'est brossé les dents après. Alors forcément, si l'auteur a un peu de style, ça peut passer, ça compense, mais s'il écrit comme la plupart des auteurs (pas tous heureusement) en réduisant sa grammaire à un simple "sujet, verbe, complément", on est mal barré.
Alors comment vous raconter ma journée idéale de fumeur? Déjà en vous racontant que ce qui suit ne s'est jamais déroulé. Ma journée idéale n'a pas encore eu lieu. Tout ce qui va suivre est pourtant vrai, mais fait sur différents jours, des morceaux de bonheurs éclatés dans le temps (c'est beau, hein?). Comme je raconte ma journée idéale, je n'ai pas à commencer par "ce matin", car forcément, si elle est idéale, j'ai fait une grasse matinée qui doit finir vers midi au moins. Je vais vous passer ma douche, mes habits, etc, on s'en fout.
"Allo... tu veux passer la journée à rien faire?"
On recrute quelques potes pour l'occasion... fumer tout seul, c'est sympa un petit moment, mais après, il faut des camarades de fumette pour se marrer un peu. Direction, place de Catalogne derrière la gare Montparnasse. Place de Catalogne se trouve l'un de mes dealers réguliers, Art Tabac. Non, je n'ai pas non plus de part chez lui, donc ce n'est pas pour ça que je vous en parle. Pourquoi Art tabac plutôt qu'une autre civette? Quatre raisons: j'y suis bien accueilli, les cigares y sont bien conservés, j'y suis en vingt minutes et surtout... il y a un petit fumoir caché derrière une porte dérobée. Mais avant d'aller poser mon derrière dans ce fumoir, il faut aller manger un morceau et boire un coup. Dans le prolongement de la civette se trouve une rue qui nous mène vers un restaurant bien sympa: le Bistro Russe de Paris, le ZAKOUSKI, tenu par Nicolas Novikoff, vous ne serez pas déçu du resto et du personnage, toute l'âme russe réunie en un seul homme... Merde, je me souviens plus s'il est ouvert le midi... pas grave, c'est une journée parfaite, on va dire qu'il est ouvert.
Pour la bouffe, c'est simple, une assiette, avec hareng, saumon, et quelques autres "tapas" russes, que l'on appellera donc pour l'occasion des "tapassovski", avec des blinis tout chauds, le tout arrosé d'une vodka glacée. En fait le jeu est simple, dès que tu es assis, on te pose un verre à vodka devant toi, on te le remplit et tu le vides... on te le remplit à nouveau et tu le revides... celui qui se lasse le premier, du patron ou de toi, a perdu. On est tout simplement comme à la maison... sans avoir à faire la vaisselle après!
Une fois sorti de ce lieu de débauche bien agréable, on va pouvoir en trouver un autre et enfin aller fumer, mais le chemin vers la civette semble bien plus long... Forcément avec la vodka, on zig-zague ce qui allonge la distance. Courage les mecs, on va y arriver.
"Alors, qu'est ce qui te fais envie?"
Je suis debout... ou en tout cas j'essaie de rester debout, en face de la vitre me séparant des cigares... Cubain? Non-Cubain? zatizekouèchtione. Je lève le nez vers le haut de l'armoire à cigare, je pose mon doigt sur la vitre:
"Ça..."
Ah, le fameux "ça"... c'est quoi "ça"? C'est le cigare du moment, celui qui te fait envie à l'instant, en dehors de toute réflexion, de toute rationalité, tu l'as vu, il te fait de l'oeil, tu l'as jamais fumé, ou au contraire, tu l'as déjà gouté cent fois, mais c'est pas grave... C'est aussi l'avantage d'être un peu bourré, tu n'as pas à justifier ton choix.
Pour moi le cigare du moment, si je pouvais tout de suite en prendre un, ça serait sans hésitation le Ramon Allones Gigantes... C'est en ce moment, selon moi, l'un des meilleurs cigares du monde... bien sur c'est un jugement totalement subjectif. Qu'il est beau... une cape couleur caramel, légèrement luisante... tiens, y'a même une petite cristallisation blanche qui s'est formée... il donne envie de l'allumer illico presto. Treize euros et des bananes de bonheur. Pourquoi s'en priver? Et je suis pas le seul, quelques amis me suivent sur ce cigare.
Un simple verre d'eau pour accompagner le cigare, on va arrêter un peu les conneries avec la bibine. Me voila dans le cocon, car ce petit fumoir privatif est le seul endroit dans Paris ou je n'ai plus tout à fait l'impression d'être à Paris, un peu comme une ambassade, tu es en France, mais en même temps, tu n'es plus légalement en France. On tient à sept personnes assises avec la lumière du jour qui nous vient d'une fenêtre en verre dépolie; de dehors personne ne nous voit et on ne voit personne... On va arrêter là le publi-reportage... passons au cigare.
Pourquoi j'ai choisis le Gigantes pour cette journée idéale? Car c'est tout simplement avec ce cigare que j'ai connu l'un de mes plus grands bonheurs cigaristiques. J'ai aussi connu d'autres plaisirs intense comme le Montecristo Robusto Editon Limitée 2006 dont je vous ai parlé sur mes chiottes. Mais c'est sentimental... j'aime ce cigare. J'éprouve la même chose pour le Partagas Mille Fleurs, un petit corona avec lequel j'ai souvent eu de la chance, toujours bon et constant, alors que quelques amis ont eu moins de chance que moi, parfois dégueulasse et bouché. Même avec ces défauts, je garde une certaine indulgence avec ce petit corona... c'est ça l'amour. Pour le Gigantes, c'est pareil. Je m'en souviens comme si c'était hier. J'avais acheté mon premier Gigantes le 31 décembre 2007 au Drugstore Publicis sur les Champs-Elysées car c'était le seul lieu où je pouvais encore acheter des cigares à 20h30, et j'avais prévu de le fumer le soir même pour le réveillon du jour de l'an, ma femme étant partie chez ses parents pour l'occasion (je ne suis pas très fête du jour de l'an, je m'en fous à un point...). Manque de bol, vingt minutes après l'avoir acheté, un léger picotement dans le nez me dit que j'étais en train de m'enrhumer... merde, le cigare ça sera pour un autre soir. Ce qui devait arrivé arriva, j'ai pratiquement oublié le cigare dans ma cave. Oublié... en fait je le voyais bien, il était sous mes yeux le salaud, mais je sais pas pourquoi, il ne tombait finalement jamais sous les doigts. Sept mois plus tard, juillet 2008, mon rhume est fini, et depuis longtemps et je suis tout seul à la maison. A nous deux! J'allume le double corona... la bête est impressionnante et à cette époque, même si ce n'était y'a pas si longtemps, je n'étais pas encore habitué à ce genre de module.
OH LA VACHE! LA CLAQUE! Non pas à cause de la puissance, mais plutôt la richesse des saveurs... je suis ... je suis... mais pourquoi j'ai attendu aussi longtemps?! Comment font-ils pour nous pondre un tel chef d'oeuvre?! Le mot n'est vraiment pas exagéré! A l'allumage, on attaque direct sur de la crème caramel, tout en rondeur, avec des touches de cannelle; ça n'évolue pas beaucoup sur la première moitié, mais tant mieux vu comme c'est bon. Ensuite le cigare se renforce avec un côté café torréfié doux et cacao... quel pied! Et ça jusqu'à la fin.
Alors oui, pour ma journée idéale ce serait ce cigare qui l'inaugurerait.
Nous n'avons pas vu le temps passé, on a enchainé d'autres cigares, alternant les terroirs, Oliva série V lancero (un petit bijou de finesse) pour le Nicaragua, Ashton VSG belicoso (puissant et bon) pour la République Dominicaine... et le jour commence déjà à disparaître.
"Bon, bah on va au Cubana?"
Le Cubana Café à l'avantage de ne se trouver qu'à quinze minutes à pied d'ici et de posséder également un fumoir...
Qui se souvient de frogger?


C'est ça. Un jeu dans lequel on incarne une grenouille (c'est le truc vert foncée en bas) qui doit aller en haut sans se faire écraser par les bagnoles et qui doit traverser une rivière en passant d'une carapace de tortue à un tronc d'arbre. Pourquoi je vous en parle, comme ça, au milieu de cette fabuleuse journée que je vis en rêve? Car malgré tout, j'ai parfois l'impression d'être frogger passant d'un fumoir à l'autre, d'une carapace de tortue à un tronc d'arbre, d'Art tabac au Cubana, du Cubana à l'Atelier Berger, etc... Journée idéale, certes, mais qui reste encadrée par ces restrictions d'ordre légale, dirons-nous...
Nous avons faim, petite assiette de tapas histoire de ne pas continuer la soirée à jeun, ce qui peut être redoutable si l'on fume après. On expédie vite fait les tapas, on n'est pas là pour la gastronomie.
Pour la suite, on va y aller doucement... un Nicarao Robusto, ça c'est sympa, pas cher... des saveurs briochées plutôt, cool, ça sera mon dessert, le tout avec un p'tit Daïquiri. On discute cigare, on déconne, on se marre, on dit du mal des autres et de nous-même, on reparle des cigares, on se les échange.
"Goûte moi ça."
Je découvre de nouveaux cigares... Je découvre encore... j'adore ça.
Je me pose un peu, je prends mon temps... la nuit avance...
Je regarde ce qu'il me reste...
"Hey les mecs... matez-moi donc ça"
Je frime, je viens de sortir un truc introuvable en France: Padron 1926 séries 40th Anniversary, et non, ces cigares ne datent pas de 1926, c'est juste une date pour se souvenir... de quoi? Je sais plus...
J'allume... re-OH LA VACHE!
Cette fois ci, c'est la puissance du cigare qui me les cloue au fauteuil... Je viens de comprendre: je suis un punching-ball et ce cigare est Mike Tyson. C'est épicée, puissant, ça monte à la tête, et c'est enivrant... Je suis en train de devenir maso. Chaque bouffée est un combat, la richesse du cigare est fabuleuse... Non, c'est pas un cigare de débutant. Le combat se finit, je suis K.O. et abandonne le reste de cigare dans le cendrier...
Le soleil va bientôt se lever... on sort dehors...
"Frites-Champagne?"
Petite tradition à laquelle j'ai pu goûté: en fin de nuit, on s'assoit à la terrasse d'une de ces quelques brasseries qui restent ouvertes toute la nuit et l'on commande une assiette de frites avec une coupe de champagne, et l'on admire le jour se lever. On m'offre un dernier cigare... je ne sais même pas ce que c'est, et vu mon état, je m'en fous... Il est doux et léger, il convient parfaitement au moment.
"Merci les amis..."
Il est temps d'aller se coucher...


2009-11-22

Les tripes de mon père

Alors que je faisais les courses, une vision dans un rayon de mon supermarché me fit revenir quelques années en arrière... ma madeleine de Proust à moi, ce sont les tripes de mon père...
Gamin, dans ma chambre, un parfum venait me titiller le nez.
"Papa! Ca pue!"
Oui, il avait fait des tripes à la mode de Caen. Je regardais avec dégoût cet amas d'intestins de boeuf découpés. Intrigué par l'aspect, répugné par l'odeur... Vous n'avez jamais senti l'odeur des tripes? C'est simple à imaginer: prenez du pâté pour chien que vous faites chauffer à pleine puissance au micro-onde, ouvrez la porte du four et prenez une grande inspiration.
Si vous lisez encore ces lignes, c'est soit que vous ne l'avez pas fait, soit que vous avez perdu depuis longtemps le sens de l'odorat... ou alors que vous aimez les tripes.
Donc me voilà faisant mes courses et je tombe sur des tripes et je me souviens avoir vu l'un de mes frères en manger, lui qui avait été pourtant tout aussi traumatisé que moi par ces tripes. Il avait osé... et pourquoi pas moi? Ah, cette fierté masculine pleine de testostérone qui fait que l'on se mesure toujours à l'autre, celui qui aura la plus grosse, qui ira le plus loin, le plus haut, pour finir toujours au plus bas... ce genre de conneries m'a tout de même fait sauter en parachute sous prétexte que quelques semaines auparavant mon autre frère (oui, j'en ai deux), l'avait fait.
"Si ce p'tit con l'a fait... bah moi aussi!"
Alors que le p'tit con, c'était moi... Si un jour vous prend l'envie de faire du parachute, ne le faites pas. Je devais avoir une toute petite vingtaine d'année, et j'étais en vacances. J'avais dis à ma mère que je voulais aussi sauter en parachute. Elle me réveille un jour à 10h du matin, ce qui en horaire "non-vacances" correspond à 3h du matin pour moi. Pas le temps de me laver, j'enfile un t-shirt et un short, et hop, dans la voiture, direction le centre de saut. Une fois sur place, on me met devant un écran de télé ou l'on me diffuse les recommandations de sécurité provenant d'une cassette VHS usée jusqu'à la corde, dit pas un instructeur ressemblant à un chanteur des ZZ TOP, le tout en signant près de 450 pages de décharge (j'exagère, mais à peine...) du genre "Si vous avez une crise cardiaque, vous ne nous attaquez pas en justice, si vous avez une crise hémorroïdaire, pareil, etc."
C'est à ce moment précis qu'une erreur fut commise. On m'a mis le harnais et malheureusement, les sangles entre les jambes furent trop serrées... n'ayez aucune crainte, braves gens, je suis encore entier, le problème ne s'est pas situé à ce niveau, vous allez voir. Je vous passe le décollage et la prise d'altitude avec les questions que l'on se pose du genre "Mais qu'est ce que je fous là, je suis vraiment trop con, je suis sur que le cas sur un million où ça se passe mal, ça va tomber sur moi...". Vient le moment de sauter, attaché à l'instructeur (on est en tandem, on ne te fait pas sauter tout seul comme ça), il te met la main sur le front et rabat ta tête en arrière. J'ai cru longtemps que c'était pour ne pas regarder le vide en bas et reculer au dernier moment, mais j'ai appris après qu'il s'agit en fait d'éviter un réflexe de coup de tête en arrière qui assommerait l'instructeur... et là, tu as forcément l'air d'un con, dans le ciel avec un mec K.O. accroché sur ton dos en chutant à 200km/h. Une fois en l'air, oui, là j'avoue, c'est génial, tu te prends pour Superman... mis à part les 4 litres d'adrénaline que ton corps vient de balancer dans ton sang... ça a son importance car tu dois prendre la bonne position avec les membres écartés, et pour ça le mec il te donne un coup de poing sur le biceps. En tant normal, ça m'aurait fait hurler de douleur, mais le corps shooté à l'adrénaline, ça m'a paru comme une douce caresse. Autre effet de l'adrénaline... le temps semble passer plus lentement, un peu comme le "spider-sense" de Peter Parker qui fait qu'il voit tout au ralenti et ressent tout mieux (sauf le coup sur le bras), ou à la façon de la caméra dans l'Homme qui valait trois milliard.
Et là, arrive le trou noir...
Ouverture du parachute, tout va bien... puis ce connard d'instructeur se dit que ça serait marrant de faire quelques tours dans le ciel. Vu d'en-bas, ça à l'air cool et tranquille de voir les parachutistes faire des cercles, mais là-haut, tu te prends une giclée de G, ce qui pourrait plutôt bien se passer si les sangles n'étaient pas aussi serrées... Car avec les G, le sang part vers les jambes, mais avec les sangles, il ne remonte pas. Tout doucement, le champs de vision se rétrécit, les couleurs sont moins présentes... Ouf.. l'atterrissage avant la perte totale de connaissance. Ma mère me regarde... j'étais devenu tout vert... j'étais passé de Spiderman à Hulk en quelques secondes. Une fois rentré à la maison, j'ai pris une douche et j'ai découvert mon corps recouvert de bleus, comme traumatisé par l'épreuve...
Bref, ce saut en parachute ne m'avait rien appris et j'ai donc acheté une boîte de tripes. En fait il y avait deux types de tripes: mode de caen ou à la catalane. Catalane avec de la tomate et du cornichon en plus, histoire de masquer le goût?... ça pourrait m'aider à faire passer le truc? Mais putain merde! Tu veux être un bonhomme? Un Vrai? Avec des poils et tout et tout? Nous fait pas chier, et prend celle à la mode de Caen! J'obéis à cette petite voix...
Me revoilà donc chez moi avec la boîte.
Je l'ouvre. L'aspect et l'odeur de pâté pour chien se rappelle brusquement à moi. J'extirpe le contenu dans une casserole et je fais chauffer le tout. La gelée entourant les tripes se met à fondre, découvrant les intestins de la bête. L'odeur se propage dans toute la maison... ma femme me dit "ça pue"... la boucle est bouclée. Une fois cuit, je verse le tout dans une assiette creuse... J'observe ces filaments blancs rattachés à ce bout de panse. Courage! Je prends un morceau et je le mets dans la bouche... Ce n'est pas tant le goût qui a ce moment m'a posé problème. Pour être tout à fait franc, c'est pas mauvais, mais la texture... oh la vache (c'est le mot)... à vous d'essayer pour savoir ce que ça fait. Je retenterais sans doute l'expérience, je suis toujours intrigué par ça. Qui a eu l'idée un jour de bouffer des tripes la toute première fois? Sans aucun doute un mec qui avait la dalle et qui n'avait rien d'autre à se mettre sous la dent.... Il devait quand même avoir sacrément faim.
Mais pourquoi je vous parle de ça? Quel rapport avec le cigare? Aucun? Non! Tout d'abord sache que TOUT a un rapport avec le cigare: la vie, la mort, l'amour, tout est cigare... tout peut se rattacher au cigare si l'on a l'esprit assez tordu, et nous avons de la chance, c'est un peu mon cas. Le cigare est à l'Univers ce que la cérémonie du thé est au Japon.
Ce dégoût, je le vois souvent dans le regard des gens quand je fume. Si certains amis se laissent volontiers convaincre d'aller se faire un cigare, pour d'autres, c'est "Niet". Ça ne leur dit rien d'aller fumer, pas même par curiosité... Le cigare sont à eux, ce que les tripes sont à moi... mais moi, j'ai finalement essayé... Hasard intéressant, l'ensemble des feuilles composant le cœur du cigare s'appellent... la tripe.
Au moment où j'écris ces lignes, je vois à la télé une pub pour arrêter de fumer... bien, pas de soucis pour moi, au contraire. Mais y'a juste un tout petit détail qui me chiffonne, y'a un logo en bas, à la fin du spot... j'approche mon nez de l'écran. "Pfizer". Le laboratoire pharmaceutique? Ils ont un truc à vendre eux? Ah... des gums à la nicotine et autres patchs. Pub gratos payé par d'autres? Une question: si la nicotine est une drogue dure, l'ingestion de nicotine devrait arrêter l'envie de fumer... et les anciens fumeurs, même des années après devrait continuer à se shooter à la nicotine via patchs et gums... non? non... bizarre.



"L'ordinateur est un partenaire conjugale tout à fait acceptable..." Bill Gates


2009-11-17

la Philosophie dans le Fumoir ou "A quoi ça sert de fumer?"

J'avais trop faim, donc j'ai craqué, je suis allé me bouffer un pho. Un Pho c'est une soupe vietnamienne (qui d'ailleurs s'écrit phở, mais ça m'emmerde un peu d'avoir à copier/coller à chaque fois le "ở" à la fin), à base de pâte de riz et de bouillon de bœuf. Le resto ressemble plus à une cantine, une sorte de boui-boui qui fait que ça doit être "bon comme là-bas" (l'accent pied noir façon Marthe Villalonga en moins, vous l'aurez deviné). La première fois que j'y suis allé, je ne savais pas trop quoi faire, car tu poses tes fesses sur la chaise ou un tabouret si tu as pas de bol (et je déteste les tabourets) et tu as sur la table une sorte d'assiette ovale composée de quartiers de citron, de pousses de soja et de quelques plantes. Il me semble avoir deviné de la sauge, de la coriandre... et c'est tout. J'ai cru bon une fois demander ce que c'était, mais on m'a répondu en vietnamien... j'étais pas plus avancé. Donc la première fois, ne sachant pas comment m'y prendre, je regardais autour de moi afin d'imiter les autres clients. Je n'ai eu ce sentiment qu'à un autre moment dans ma vie, la première et seule fois où j'ai pris l'avion en business class, le but du jeu étant de ne pas passer pour le premier péquenot venu ayant gagné son voyage à la Roue de la Fortune... je m'en souviens encore, je regardais les autres passagers enlever leurs chaussures et mettre les petits chaussons qui étaient mis à disposition dans les trousses de toilettes... ah, c'était donc des chaussons et non des range-couverts... Revenons-en au pho. En observant, tel un vieux singe, mes congénères, j'ai enfin pu maitriser l'art de la préparation et de la dégustation de ce plat national vietnamien, qui, je l'ai appris par la suite, fait office de petit-dej', de déjeuner et de dîner. C'est simple, on prend ce qu'il y a dans cette assiette et on le met dans son bouillon, avec des oignons, du citron et du piment.
Mais pourquoi je vous parle de ça? Non, je n'ai pas de part dans ces restos... Car du côté de Tolbiac, dans le 13ème à Paris, là ou se trouve ces boui-bouis, se situe également une civette que j'affectionne: La Bouffarde.... et non, je n'ai pas non plus de part dans cette civette. J'associe donc souvent un repas là-bas avec un détour par cette civette.
Le tenancier, Manu, un grand gaillard basque est un vrai passionné, le type qui ne te fait pas de leçon sur le cigare, mais qui va essayé de te transmettre sa curiosité autour du produit. Sa boutique est sans doute moins connu que les autres grandes civettes parisiennes, et c'est sans doute aussi pour ça que j'en parle, mais il a chez lui des petites perles... Un Arturo Fuente Hemingway Gran Reserva, oui, c'est chez lui, un Padron 1964 Diplomaticos, encore chez lui, etc, etc. ATTENTION, il ne sort pas ces bijoux au premier trou du cul qui vient. Le mec, c'est un sentimental, faut parler avec lui, discuter, échanger, c'est tout. Ne pense pas débarquer chez lui en lui disant "Eh, j'ai lu que vous aviez des Punch Double Co non bagués, je peux en avoir?"... Le cigare, c'est aussi pour rencontrer ce genre de gars, pas très connus, mais qui font chaud au coeur... Car au fond, fumer en soit, ça ne sert à rien...
Bah oui... quel est l'intérêt de fumer? Aucun, et c'est ça que j'adore. On n'est dans le domaine absolu de l'inutile, du futile. Autant boire et manger, découle de besoins naturels, comme faire l'amour d'ailleurs. Je bois à la base pour ne pas me déshydrater, puis découle les plaisirs de la boisson, de même pour manger, idem pour le sexe. Mais fumer, c'est totalement diffèrent! Pire (ou mieux) encore, c'est voir littéralement son pognon partir en fumée (et c'est même pas une image, ça part vraiment en fumée!), et même si on te l'offre, ça n'en reste pas moins l'argent d'un autre qui part en fumée, j'avoue que c'est malgré tout plus agréable dans ce dernier cas. Si on suppose même que tu es à Cuba, que tu es en face d'un torcedor (celui qui roule le cigare) et qu'il te le donne directement, comme ça, à fumer, tu fais partir son travail aussi en fumée... c'est beau? non? Vous n'êtes pas sensible à cette poésie? Bon... tant pis. Tout ça pour dire que le cigare est aussi une mise en distance par rapport au monde, à l'aspect purement matériel des choses. On relativise l'argent, le travail, car au fond, ça part en fumée, il n'en restera rien d'autre que quelques cendres grises... et c'est tout. Le cigare nous rappelle d'en revenir à l'essentiel... "Tu es poussière et tu redeviendras poussière".
Les quelques amis à qui j'ai exposé cette théorie philosophique autour du cigare m'ont tous regardé avec de grands yeux disant "Il nous raconte quoi l'autre avec son "tout part en fumée" et "l'argent est dans la cendre", etc".
- Nico, ça va bien? Le cigare, moi, je le fume juste car c'est bon...
- Ok les mecs, je range toutes mes théories à la con dans un placard, j'ai compris, pas la peine de me faire un dessin...
Sur ces paroles, je m'allume un cigare, sans vouloir philosopher et chercher à faire réfléchir cette poignée de connards... Passe moi le coupe cigare et une allumette...
...
... euh...
... C'est vrai qu'il est bon ce cigare...
... Juste très bon...



2009-11-13

Comment se faire offrir un cigare?

Ne m'étant pas remis du dernière épisode de Soeur Thérèse.com, je n'ai pas pu pondre le moindre mot pendant quelques jours. J'en suis désolé, mais je crois avoir des circonstances atténuantes. J'ai tout fait pour tenter d'oublier, je me suis lavé plusieurs fois par jour, mais je me sentais toujours sali, j'ai tenté de boire du lait maternisé mélangé à du schnaps, mais rien n'y fait.... Oh mon Dieu, pourquoi moi?! POURQUOI!!!???
Comme je le disais à quelques amis, je me demande comment les scénaristes ont eu l'idée de faire cette série... "Bon les mecs, on va faire une série avec une bonne soeur qui résoudra des enquêtes avec son ex-mari"... C'est officiel, TF1 possède les meilleurs dealers de Paris.
Vivement Alzheimer...
En parlant de série télé à la con, vous connaissez sans doute Plus Belle la Vie, une série courageuse qui aborde des vrais thèmes de société (si, si, je me moque pas, drogue, sida, homosexualité, prison, la chaude pisse et les herpès, la vie, la mort, Marseille), je me suis dis, en relisant la fiche du film "culte" Les Nuits Fauves de Cyril Collard (je me marre encore en repensant à la fille Bohringer chialant en dediant son César à Conn... euh, Collard. Désolé, mais le côté jeune artiste écorché vif, ça m'emmerde plus qu'autre chose) qu'aujourd'hui le scénario de cette daube fera un très bon épisode de Plus belle leur vie... comme quoi, tout fout le camp.
Back to Business...
Maintenant tu es devenu un vrai amateur de cigare, et un matin, tu ouvres ta boite au lettre pour y trouver ton relevé bancaire et découvrir que tes dernières dépenses en matière de cigare t'ont coûté un bras.
Plusieurs solutions: tout d'abord, je t'invite à t'inscrire sur ebay et vendre un de tes reins en Colombie, ça permettra de te remettre à flot, d'autant plus que l'on vit très bien avec un seul rein. Ensuite va falloir réduire ton budget cigare sérieusement. Tu peux arrêter totalement la fumette, mais ce n'est pas le but. Tu peux réduire ta consommation... c'est une idée. Tu peux aussi acheter pour moins cher, en prenant le risque de te retrouver avec des cigares d'une qualité tout à fait approximative, ou face à un choix correct, mais limité. Rien de pire que de se retrouver dans une civette, comme un enfant chez le boulanger, en face des bonbons en n'ayant que 50 centimes en poche... Immonde frustration.
Dernière solution: se faire offrir des cigares.
Pour ça, il faut mettre en place de véritables tactiques militaires. Ça ne s'improvise pas! Tu peux opter pour l'ami très riche et très sympa... mais faut avoir un gros coup de bol.
Je te propose un plan tout à fait dégueulasse et malhonnête et pourtant efficace.
Tu te pointes dans un fumoir, un soir en semaine. Ça t'assure d'avoir face à toi quelques amateurs avertis. D'un coup d'oeil essaie de repérer ta proie. Comment le trouver? Toujours au pif. La chance est que légalement les fumoirs en France n'ont pas le droit d'avoir une superficie supérieur à 35 m², donc tu ne te retrouveras jamais très loin de ta cible. Pour être sur de se voir offrir un cigare, essaie malgré tout de chopper un type qui semble avoir quelques réserves sous la main... ça sert à rien de s'en prendre à un fumeur qui n'a rien d'autre que ce qu'il a déjà en bouche.
Passons à l'attaque en lançant à la futur victime consentante un:
"Vous fumez quoi?
- Un Bolivar Inmensas....
(Bravo Amigo, tu as touché un beau petit morceau)
- Ah...
- Comment ça "Ah"?
- Le cigare est sans doute bon, mais à chaque fois je suis tombé sur des infumables: trop serrés à chaque fois... (là n'hésite pas à lancer un regard façon... comment dire... façon ça:
Je sais c'est moche, mais la fin justifie parfois les moyens...)
- Alors là, je ne peux pas vous laisser comme ça! Tenez, j'en ai un autre sur moi, c'est pour vous... Vous m'en direz des nouvelles!
- Non, ça me gêne, je ne peux pas accepter (on fait semblant de refuser par politesse, mais en fait le poisson a mordu, et la ligne semble bien solide).
- Franchement, j'insiste...
- OK..."
Mais il peut y avoir des variantes. Au lieu de taper sur la marque, vous pouvez le lancer sur le terroir:
"C'est un cubain?
- Non, c'est du Nicaragua.
- En dehors de Cuba, y'a que de la merde...
- Vous dites ça car vous ne connaissez pas.
- Et franchement, j'ai pas envie de connaître!
- Bah j'ai justement sur moi un Oliva, excellent cigare nicaraguayen (j'ai du vérifier dans le dico comment ça s'écrivait...), je vous l'offre et croyez moi, vous allez changer d'avis!"
Et hop, un cigare de plus dans la poche.
Sache qu'en remerciement de ces judicieux conseils je prends 50% sur toutes tes prises de la semaine... et je te rappelle que j'attends toujours la boite de Partagas.









2009-11-09

La Bonne Education


Tous ceux pour qui les notions d'humour, d'ironie, de second degré (et même troisième et quatrième degré) sont totalement inconnues, je vous invite à ne pas lire ce qui suit...

C'est bon?

Vous êtes encore là?

Y'a quelqu'un? Plus personne?

Ah, si, encore vous... Commençons.



Vous n'êtes pas sans savoir que dans le cigare, comme dans d'autres domaines, une bonne formation doit se faire le plus tôt possible, au risque de se retrouver en face de jeunes cons incultes pour qui les notions de respect vis-à-vis d'un savoir durement acquis ne seraient que trop méprisées. Et comme il n'est jamais trop tôt pour commencer, j'ai décidé de me mettre en quête d'un jeune élève à qui je pourrais transmettre ma science. Ah, les joies du professorat enfin à portée de main... pas besoin de passer l'agreg ou pire l'IUFM, ce nid de cancres au cheveux sales et aux ambitions limitées à un vulgaire "Je veux avoir toutes les vacances scolaires".
Me vient en tête immédiatement le fils de ma voisine du dessus. Ce petit trou du cul, à peine âgé de 6 ans avait besoin d'être remis sur le droit chemin et rien de mieux que le cigare pour y parvenir! Ça lui apprendra à me casser les couilles avec ces CD de comptines que j'entends depuis chez moi.
Autant dire que le dévouement est réel de ma part... Je me souviens encore, alors que l'on me demandait de faire un compte rendu sur la dégustation d'un cigare peu réputé pour sa qualité lors de ma journée chez Disney, ce que je disais sur les enfants.. et leurs idiots de parents:
"J'ai testé le José L. Piedra à côté des enfants.. et bizarrement, face à ces immondes mômes braillards, chialant de ne pas avoir eu la sucette Mickey tant convoitée par leurs mains crasseuses, leur toussotement provoqué par ce qui devenait soudainement à mes yeux une délicieuse fumée - d'aucun y verra un lien de cause a effet - n'avait d'égal que l'ire que l'on pouvait ensuite déceler dans le regard de leurs géniteurs en jogging, eux même tirant sur leur clope, ce qui paradoxalement ne les choquaient pas...
Bref.. que du bonheur"
Me voilà allant d'un pas guilleret chez ma voisine. Je sonne. Elle ouvre:
"Bonjour Martine! Comment ça va?
-Euh, ça va bien (d'un air méfiant)
-Je viens vous emprunter le petit Jean-Baptiste...
-AH NON! La dernière fois qu'il est revenu de chez vous, il n'a pas arrêté de me réclamer un abonnement à Playboy! C'est vous qui les lui avait montré?
-Merde... (note pour plus tard, ne pas confondre Playboy avec Playmobil...).. Promis juré, ils seront tous mis sous clef...
-Et...
-Et? Ah oui, promis, je ne lui ferai plus la lecture de l'oeuvre intégrale d'André Gide..."
Je repars avec le gamin sous le bras.
Une fois arrivée chez moi, nous nous postons tous les deux en face de la cave à cigare que je fixe des yeux tout en lui disant ces quelques paroles rassurantes:
"Mon cher Jean-Baptiste, tu n'es pas sans savoir que depuis que ton père est parti avec un plombier polonais... oui, contrairement à ce que t'a fait croire ta mère, ton père n'est pas mort en donnant son foie à ton hamster anémique... donc depuis qu'il est parti, tout symbole représentant un tant soit peu l'autorité s'est évanoui. Mais tu as de la chance, je suis là pour y palier. Et le cigare va nous aider."

Vous l'aurez compris, tout ceci n'est qu'un prétexte pour parler d'une chose: comment qu'on fait pour fumer le cigare et ressentir tous ces merveilleuses saveurs que je lis dans l'Amateur de Cigare mais que je n'arrive pas à ressentir? Mais comment font-ils pour trouver des saveur de poivres roses du Cashmir? De panse de lièvre du Westershire (se prononce ouesh'sheure)? Ils font comment? Réponse: je ne sais pas, car moi, ma palette se limite à quelques saveurs que vous identifierez petit à petit. En général, ça tourne autour du crémeux, caramel, boisé, terreux, poivré, épice douce, vanille, miel, cuir, café torréfié, cacao etc. Tout est une question d'éducation du palais.
Avant tout, il ne faut surtout pas être obnubilé par la recherche des saveurs. Cet exercice, je le limite à des dégustations spécifiques, sur des cigares rares ou particuliers. De plus, si le cigare est bon, les mots viendront presque naturellement. Plus on fume, plus le palais s'éduque et décèle les goûts propre à un pays, une marque, un maitre de liga (c'est lui qui compose le cigare, à l'instar d'un vin).
Je vais un peu (même beaucoup) me la péter, mais je ne résiste pas au plaisir de vous conter cette petite anecdote qui s'est déroulée l'hiver dernier:
J'étais dans une soirée "cigares" avec quelques potes. Dégustation à l'aveugle. On nous distribue le cigare. La cape, la feuille de tabac qui entoure le cigare, essentielle car c'est souvent la vue de cette cape qui nous donne envie ou pas, était un peu rêche, mais rien de catastrophique. Je sens le cigare, peu d'odeur... Parfois quand on ouvre une boîte, un parfum s'exhale. Samedi dernier, on m'a ouvert un cabinet de double corona Saint Luis rey. Oh putain que ça sentait bon! Un mélange d'épice douces, de caramel et de cacao... Mais revenons en à cette soirée. Je le coupe, et procède au tirage à cru, il s'agit de pomper sur le cigare avant de l'allumer pour y déceler des saveurs. Parfois on y retrouvera des goûts similaires lors du fumage et parfois, ça n'a rien à voir... Quel intérêt? Aucun, ça fait parti du plaisir de manipuler le cigare, du rite que l'on veut y associer, dans cette recherche des saveurs... J'allume et commence le grand jeu de la devinette du cigare. Cigare cubain? Du Nicaragua? Ou Dominicain? Peut-être Honduras... Les suggestions pleuvent... Mon avis est fait: pour moi, c'est un cigare cubain, un Partagas, mais qui doit avoir 4 ou 5 ans... Arrive la fin de la soirée avec le résultat. Il s'agissait d'un cubain, un Partagas D2 EL... 2003. Comment j'ai fait? C'est simple. Y'a un truc que je reconnais souvent chez Partagas et que je n'ai jamais retrouvé ailleurs, c'est cette saveur de réglisse, et je l'ai tout de suite repéré dans ce cigare. Mais, côté puissance, c'était un peu mou, hors la marque Partagas est réputé justement pour sa puissance. Une seule conclusion: ce cigare devait avoir déjà quelques années... et comme Partagas est un cigare cubain, le terroir ne pouvait être que Cuba. Fortiche, n'est ce pas? Je ne me lasse jamais de raconter mon heure de gloire...
Cette histoire d'éducation du palais est essentielle. Quand je discute avec des "vieux" fumeurs de cigare, j'ai très souvent le droit à un "Cuba reste le top, le reste, j'y arrive pas" ou "En dehors de Cuba, c'est de la merde". Je le comprends. Quand tu as passé 20, 30 ou 40 ans à fumer des cubains, il est bien normal que le goût se soit habitué aux saveurs cubaines. J'ai de la chance, je suis arrivé à la dégustation du cigare au moment ou les autres terroirs ont commencé à exploser. Tout ça grâce aux USA et le "cigar boom" des années 90. A cette époque, la consommation du cigare est sorti du confinement dans lequel l'avait mis des années de procédures anti-tabac. Les producteurs de cigares ont suivi le mouvement avec une production en hausse en terme de volume, et ensuite en terme de qualité. Et justement, les cigares non-cubains, ont une qualité de construction franchement épatante. Alors que sur les cubains, tu peux tomber sur une buche infumable tellement il est serré, je n'ai JAMAIS eu ce problème avec les non-cubains.
De fait, aujourd'hui, ma cave est composé autant de cigares cubains que de cigares non-cubains, avec une vraie préférence pour le Nicaragua...

Alors n'hésitez pas et foncez faire votre éducation! Découvrez les cubains, les non-cubains, les marques différentes, leur typicité, etc. Faites votre propre palais, votre goût, échangez avec d'autres amateurs et SURTOUT n'ayez pas honte de ce que vous aimez. Vous ne serez pas déçu du voyage!



2009-11-05

La table d'à côté...

Tout d'abord merci à tous ceux qui m'ont laissé, ici ou ailleurs, des mots d'encouragement et de félicitation pour ces quelques lignes sur le cigare. Mon côté écrivain frustré s'en est senti soulagé... en fait le seul truc qui m'aurait attiré dans le fait d'être écrivain, c'est plus l'idée que je m'en faisais: trainer en peignoir de velours toute la journée, tapant sur ma machine à écrire tout en caressant mon chat et accueillant de temps à autres quelques disciples venus chercher à la source des conseils toujours avisés. J'aurais eu le choix entre être un écrivain façon Guillaume Musso ou Marc Levy, et je me serais bien marrer en cherchant les titres des bouquins bien cons comme on aime tel "Demain, si seulement..." ou "Peut-être au rendez-vous". Ou alors un titre façon futur Goncourt, édition Gallimard! "Et le lauréat est... "Les Abats-jours de la Nuit" de Nicolas Juban"... ça aussi c'est un titre bien con dans son genre.
Mais je m'éloigne de notre sujet de prédilection: LE CIGARE!

Depuis que certaines lois sont passées pour interdire le tabac dans les lieux publics, quelques îlots "cigar friendly" se sont créés, en toute légalité. Ces fumoirs sont aux normes et c'est bien sympa de pouvoir poser son cul dans un bon fauteuil, s'allumer un cigare tout en sachant que l'on ne va emmerder personne, car le fumeur de cigare n'a pas forcément pour objectif principal d'emmerder le non-fumeur à côté de lui... en revanche, j'avoue qu'en terrasse j'aime bien emmerder les fumeurs de clope avec mon fumigène... on s'amuse comme on peu.
Ces lieux me permettent de m'en fumer un de temps en temps sans me les geler en hiver et sans squatter les chiottes à la maison (c'est ma femme qui est contente).
Donc me voilà, un soir, peinard, au Cubana Café en train de m'allumer un cigare, et là, je vois débarquer une bande de jeunes bien décider à tenter l'expérience cigare. Par bonheur, ils se mettent à la table d'à côté! On les repère toute de suite ces petits novices plein d'assurances mal assurées... ça veut pas dire grand chose, mais faut les voir pour le comprendre. Je suis heureux, on va pouvoir rigoler.
Attention, tu risques peut-être de te reconnaître dans les lignes qui vont suivre. Si c'est le cas, merci, non seulement en mon nom, mais aussi de tous ceux qui, amateurs comme moi, ont souri et se sont sans doute aussi un peu reconnus dans ces gestes maladroits, mais toujours accompagnés d'une parole bien assurée.... vous allez comprendre.
En général, ils arrivent pas poignée de quatre à six personnes, et viennent d'acheter un cigare, souvent pour la première fois... ont-ils suivi mes conseils? Pas toujours... et même rarement. Certains, plus intelligents, ont évités un cigare trop long, mais au diamètre trop étroit du genre petit corona, le cigare risque de chauffer beaucoup trop, d'autres s'en sont directement pris au double corona... Mais y'a un truc qui ne loupe jamais: y'en a toujours un dans le tas qui s'y connait plus que les autres. Quand je dis "s'y connait", c'est par rapport aux autres qui ont en général la modestie de ne pas trop la ramener. Tout ce qui va suivre est absolument véridique. Si ça ne vous choque pas, c'est que vous êtes encore un amateur débutant: c'est pas grave! C'est l'occasion d'en apprendre un peu avant de se ridiculiser. Le show peut commencer, je me cale bien au fond du fauteuil, il ne me manque plus que les pop-corns.

"Bon les mecs, je vous explique, faut couper le cigare comme ça (là, il joint le geste à la parole et retire un bon centimètre de cigare.. quel gâchis), ensuite on le lèche partout (oui, le lécher partout ne sert strictement à rien, aucune différence, c'est un cigare, pas une pipe, donc la fellation est inutile, EN REVANCHE, tu peux bien humidifier la tête AVANT de couper, ça peut parfois éviter qu'elle se fendille), puis on prend une allumette pour l'allumer (ah, un peu d'espoir, il ne dit pas une connerie), mais avant on passe la flamme sur tout le cigare (encore une fois, aucun intérêt... si mes souvenirs sont bons, cette pratique semblerait dater d'une époque où certains cigares étaient recouverts d'une sorte de résine protectrice que l'on éliminait ainsi... enfin, c'est ce que l'on m'a dit: à vérifier. En tout cas, nul besoin de le chauffer au préalable sous une flamme). Et surtout les potes, faut pas oublier de planter une allumette dans le cigare, ça permet de mieux le tenir entre les dents (bon, j'avoue l'avoir aussi fait y'a dix ans, mais c'était sur des cigares de merde tout pourris, mais encore une fois, ça ne sert à rien, pire ça aggrave les choses car se forme autour de l'allumette un amas de nicotine qui va dégueulasser le goût) et faut bien laisser l'allumette intacte, comme ça quand le cigare atteint le souffre, ça l'allume et tu sais que tu dois arrêter de le fumer (ah la vache, celle là est énorme; quand j'ai entendu ça, j'ai failli me lever et applaudir)."
Là il marque un arrêt, le temps que tout le monde s'exécute... et exécuter est malheureusement le mot parfait.
Il reprend:
"Sur le cigare y'a trois tiers (là, je sais qu'on va rigoler... l'expert va parler), euh, tout d'abord, y'a... ah oui, le parfum (non, connard, c'est le foin), le serein (encore loupé, c'est le divin) et le crottin (perdu, c'est le purin). Et y'a toujours ces trois phases sur un cigare (ah? et sur un cigare linéaire, tu fais quoi? Franchement, faut pas se focaliser sur les trois tiers d'un cigare. La dégustation, les saveurs et l'évolution, tout ça vient tout seul. Si c'est pour dire qu'il y a un début, un milieu et une fin au cigare, moi aussi je peux le faire, mais surtout c'est pas forcément divisé en trois parties égales, en trois tiers, et parfois tu ne sens que deux parties et parfois c'est pareil du début à la fin... y'a pas de règles avec le cigare, ET TANT MIEUX!)"
Une fois fini, l'air satisfait ou nauséeux, chacun repose le cigare, certains l'écrasent.
Pour ma part, j'aurais passé un bon moment...
De temps en temps, pris de pitié, j'interviens discrètement, gentiment, histoire de recadrer un peu, car faut pas déconner! Quand tu vois un Hoyo de Monterrey double co' massacré par une coupe approximative, sucer, chauffer dans tous les sens et empalé par une allumette, tu ne peux pas laisser faire, ça serait non-assistance à cigare en danger, et ce n'est que rendre service au futur amateur.
En vous remerciant...





2009-11-02

J'avoue...


Je... comment dire... Je dois bien l'avouer... Je n'ai pas toujours été l'amateur averti que je suis devenu... voilà, c'est dit! Moi aussi j'ai fumé des cigares tout pourris en pensant "Pas si mal ce cigare" histoire de me convaincre que je pouvais apprécier.
Mais, mesdames et messieurs du jury, avant de me condamner, sachez que j'ai des circonstances atténuantes... laissez moi vous raconter.

La scène se déroule en 1995 et j'étais à l'époque un lycéen jeune et naïf de 17 ans. Avec les élèves de la classe nous avions effectué une sortie au restaurant un soir avec la présence de quelques profs. A la fin du repas, l'un de mes camarades de classe sort de sa poche un cigare sous cellophane. Il l'allume et semble se délecter de cette merveilleuse fumée. L'un des profs goûte son cigare et dit: "Très bon cigare". Si une telle autorité avait affirmé que le cigare était bon, alors je pouvais essayer ce cigare les yeux fermés. Ayant un peu honte, j'avais juste regardé la marque, histoire d'en acheter une fois et de me le fumer bien peinard tout seul, à l'abri des regards indiscrets... et vous allez voir de quelle manière. Cette fameuse marque était Henri Wintermans... on va tout de suite le dire, c'est de la grosse merde.


Mais moi, à l'époque, je ne le savais pas! Donc quelques temps après je vais m'acheter ces fameux cigares, vendus en paquet de 5. J'avais profité d'un week end d'absence de mes parents, m'était mis à la fenêtre et c'était parti... pas pour longtemps. Sentant l'odeur, mes deux frères débarquent dans ma chambre. Comme un con, si j'avais bien pensé à me mettre à la fenêtre, je n'avais pas pensé que le cigare pouvait sentir autant... Oui, papa et maman, si vous lisez ces lignes, vous découvrez cette histoire... et le terrible secret que je porte depuis... justement, depuis ma mère fume parfois le cigare avec moi, y'a donc eu pas mal de changement. Je suppose que ces cigares devaient être totalement dégueulasses car le seul souvenir que j'ai est d'avoir passé mon temps à cracher.
La seconde tentative aura lieu bien des années après. Je suis étudiant, mon propre appartement, et l'idée me titille à nouveau de téter du barreau de chaise. Si tant de gens de bon goût aime ça, c'est que doit y avoir un truc là dedans de pas si mauvais. Me revoilà donc au bureau de tabac pour faire mon choix. Ce choix se portera d'ailleurs sur les cigares Villiger, cigare suisse au tabac de Sumatra... pourtant, rien que ça, ça aurait du me mettre la puce à l'oreille... Je vous l'ai dit, j'étais jeune et naïf (qui a dit con?). Cette fois-ci, aucun risque de voir débarquer quelqu'un. J'ouvre le paquet (oui, c'est encore vendu en paquet de 5), et toujours les cigares sous cello. Une précision importante, ces cigares, comme les Wintermans, étaient déjà coupés... je l'ai appris depuis, c'est pas un bon signe. Il semble que depuis, les Villiger ne le soient plus, mais j'ai pas vérifié. Au fait, pourquoi les cigares sont donc bouchés à un bout? Çà c'est une question qu'elle est bonne! Comme je l'ai écrit avant les cigares sont des éponges à goût, mais autant ça capte rapidement les odeurs, autant ça les évacue rapidement. Donc maintenant on imagine un cigare ouvert des deux côtés, l'air peut circuler et au bout de quelques temps, les saveurs partir dans cette circulation. La solution: suffit de boucher d'un côté... en tout cas, c'est l'explication que l'on m'a donné... mais si vous en avez une autre... Celle ci me plait bien car elle est logique. Revenons-en aux Villiger. Je suppose qu'il n'est pas la peine de préciser que ces cigares n'ont jamais été conservé à un taux d'humidité convenable, d'ailleurs même avec, qu'est ce que ça aurait changé? J'allume et là... Oh mon Dieu! Quel plaisir! Quelle joie! Cette petite saveur de noisettes grillées, de pain grillée, de foin grillé, de bois (de cagette) grillé.... de feuilles grillés... de tabac grillé.... du grillé de grillé. Ce qui est drôle c'est que sur leur site, y'a écrit pour ces cigares dits "Premium" la phrase "Pour épicuriens exigeants"... ça doit être à prendre au second degré, je vois pas comment on peut le prendre autrement. Courageux que je suis, j'en ai tout de même racheté deux fois (oui, là on peut retirer le "naïf" et le remplacer par "con"). Ce sont dans les erreurs que l'on apprend, et grâce à moi, tu éviteras sans doute ces fautes de débutants... ou alors tu te sentiras moins seul de ne pas avoir été la seule personne à t'y prendre comme ça.
Certains ont eu plus de chance que moi et ont été initié par un père, un grand-père, un oncle, un ami de la famille... moi, c'est tout seul que j'ai du faire mon début d'éducation.
Le tournant finalement fut mon arrivée sur Paris (enfin un vrai choix de cigares!), et internet... source d'information quasi inépuisable.
En espérant votre indulgence...


"Les évangiles ça reste l'histoire d'un fils de charpentier, devenu charpentier et qui en essayant d'échapper à sa condition de charpentier finit cloué sur une planche, nous enseignant que l'on n'échappe pas à son destin." Le Dalai-lama à Jean-Paul II






2009-10-30

Ils fument quoi?


Après avoir passé la soirée à me demander si je devais prendre le journal de Jean-Pierre Pernault au premier ou au second degré, un long cheminement intellectuel me poussa à me poser une question autrement plus existentielle: mais Columbo... il fume quoi comme cigare? Et Hannibal Smith dans l'Agence tout risque? Et Bender dans Futurama? Et Clint Eastwood dans les westerns?
J'ai donc décidé de faire ce que tous les journalistes font pour mener leur enquête: je suis allé sur Google (oui, le journalisme moderne est devenu assez simple, tu as juste à naviguer entre Google et Wikipedia).
Pour Columbo, un site a fait ce boulot à ma place!

Il fume des cigares bons marchés, dans un épisode (épisode 23 de la saison 3, diffusé en 1974) il affirme les acheter "30 cents au supermarché"... ah la vache, ça doit être du cigare façon "western spaghetti", un truc à ne pas mettre dans sa cave à cigare... Pas besoin de l'humidifier, ça sert à rien, ça se fume sec. Ce site précise pourtant que dans un autre épisode (toujours la saison 3, mais dans l'épisode 19), un flic lui fait remarquer qu'il fume un cigare de prix.... en même temps pour ce flic, il se peut que les 30 cents, ça soit un cigare de prix. Le site insiste sur la médiocre qualité des cigares à cause de l'odeur... en même temps je connais de très bons cigares qui emmerde tout autant que les "pas bons"... quand on aime pas l'odeur du tabac, ça n'y change rien. Bref, pas d'informations sûres et certaines sur les cigares de Columbo, il les transportent un peu n'importe comment avec lui, et n'est donc pas très attaché à leur état, même s'il reste sensible à un cigare qui lui est offert. Il semble ne pas être fidèle à une marque... le site dit que certains ont reconnu les marques White Owl et Garcia y Vega Elegantes.
Pour le Garcia y vega Elegantes, ça ressemble à ça:

Et le cigare est vendu aujourd'hui à 90 cents pièce... en effet, c'est "cheap".
Pour les White Owl, le format le plus proche est celui du Ranger:

Là, on tombe à 60 cents pièce... ça va pas chercher loin.
En tout cas, le cigare est l'accessoire indispensable à sa reflexion, il impose son rythme, à l'instar d'un Freud faisant une analyse.
En parlant de Freud, j'ai entendu dire que la durée actuelle d'une séance d'analyse serait en fait la durée que Freud mettait pour fumer son cigare! Selon le site cigar aficionado Freud fumait des "trabucco", cigares relativement petits, fabriqué en Autriche sous le monopole d'état autrichien, mais il semblait avoir une préférence pour deux marques qu'il se faisait ramener de Bavière en grande quantité, les Don Pedro et les Reina Cubana. Il semblait aussi affectionner une marque hollandaise: Les Liliputanos... inconnus au bataillon.
Ce que j'ai trouvé sur le net (oui, je vous l'ai dit, je fais un VRAI travail de journalisme), c'est une marque qui s'appelle Don Pedro venant de Puerto Rico... je suis pas allé au delà dans les recherches car n'ayant pas pu approfondir, j'avais la flemme (oui... toujours comme un vrai journaliste...). Au delà de la troisième page sur google, j'abandonne. Idem pour les Reina Cubana... si vous avez plus de chance que moi, faites moi signe. Selon moi, et c'est une hypothèse personnelle, ça pourrait être des cigares roulés en Europe dont les marques auraient disparu.
Mais je me suis éloigné des personnages de fictions (en même temps c'est moi qui décide de ce que j'ai envie d'écrire), en revanche, si le sujet vous intéresse un peu, un site sympa a fait une liste des cent fumeurs de cigares les plus célèbres, on y apprend que Churchill affectionnait la marque Romeo y Julieta, que Kennedy aimait le Petit Upmann, etc.

Pour Clint Eastwood, c'est relativement bien connu, ses personnages de westerns fument des Toscani (Toscano au singulier).

Ce sont des cigares italiens qui n'ont pas forcément bonne presse... faut dire que c'est du costaud, un truc de mec à qui on ne l'a fait pas. C'est du tabac bien sec, c'est dur comme un bout de bois, ça se casse en deux par le milieu pour le partager (ou n'en fumer que la moitié)... et ayant gouté une fois (après m'être préparé psychologiquement), j'avoue qu'au delà du côté dégueulasse... bah c'est dégueulassement intriguant. Pour un truc fait avec les pieds, ça vaut le détour. Hors de question de fumer ça de manière régulière, même pas une fois par an, mais dans le cadre d'un pari foireux avec des amis, ça peut être marrant.
Venons-en à Hannibal Smith de l'Agence tout risque. Pour le coup, nada, que dalle, en tout cas sur les trois première pages de google... Alors on va faire un petit jeu! On va essayer de deviner le cigare d'H. Smith!

Smith se cache de son gouvernement, un clandestin dans son propre pays, il vit dans l'illégalité, j'ai bien envie d'en conclure qu'il pousse la logique jusqu'au bout et de dire qu'il fume des cigares cubains aux USA! Trop fort ce colonel... Le module me rappelle un peu celui d'un Bolivar Inmensas... un lonsdale, longueur de 170 mm pour un cepo de 43. Ah, le cepo, c'est quoi? c'est le diamètre calculé en 64ème de pouce... ce dernier mesurant 2,54 cm. Calcul mental rapide: 2,54/64 le tout multiplié par 43 = 1,7 cm de diamètre.
Si vous avez d'autres idées, n'hésitez pas.
On n'en arrive à Bender... Bender Bending Rodriguez de Futurama.

Il nous vient directement de l'an 3000 et donc le jeu de devinette du cigare avec lui risque de tourner court. En revanche, il aura (oui, ça se passe dans le futur, donc c'est pas encore arrivé) le privilège de fumer le cigare le plus cher et le plus rare du MONDE! Plus rare qu'un Cohiba Behike!
Le voici en train d'être dérobé par Bender:

Mais quel est cet étrange cigare?
Un cigare à $10000 tout de même! Pourquoi si cher? La cape du cigare est un morceau de la Constitution des USA, roulé par la Reine Elisabeth durant ses années délurées, puis enterré avec George Burns (un grand comique américain)...
Un autre personnage, et pas des moindres, le cousin de Georges Abitbol "L'homme le plus classe du monde", Patrick Abitbol...


Bon, je sais pas s'ils sont tous les deux cousins germains, mais c'est pas grave. Lorsque Patrick offre dans "La vérité si je mens 2" un cigare il s'agit du Pleïade Churchill (info tenue de source sûre!), un cigare dominicain que voici :


Dans la série des grandes gueules avec un cigare, on ne présente plus Tony Montana...


Tony est un immigré cubain, arrivé aux USA en 1980. Et comme tous bons cubains, il continue de fumer des cigares cubains. Il semble affectionner les Cohibas... quelle classe ce Tony. Je suis pas un grand fan de Cohiba car on trouve aussi bien pour moins cher. Mon ami Malek qui adore les Cohibas et ne jurent que par eux me disait "Cohiba, c'est la Rolls du cigare"... content d'apprendre qu'il trouve aussi que ça coûte trop cher et que ça roule aussi bien que les autres.

Dans la série de ces grands personnages de fiction, il en manque juste un: Dieu, qui selon Gainsbourg ne fumerait que des Havanes...

Voilà pour ce petit tour des grands noms du cigares...


"Un athée, c'est pas un mec qui ne prend jamais de thé?" L'Empereur Shen Nong en 2737 avant notre ère.



2009-10-29

"J'allume mon premier cigare"... Le guide presque complet du Cigare pour les Nuls

La partie un peu chiante, le didacticiel, le guide, le walkthrough, le "je te prends par la main", le "je t'amène en terre promise tel Moïse"...
Bon, tu t'es acheté ton premier cigare, et comme tu as suivi mes conseils, tu as pris un robusto (je me permets de te dire que je n'ai toujours pas reçu ma boite de cigares Partagas... mais ça doit surement être les lenteurs de la Poste).
Va falloir m'allumer ça, et dans les règles de l'art!... enfin, façon de parler, car y'a plusieurs façons de s'y prendre, et ce n'est pas non plus la cérémonie du thé au Japon que l'on va te demander d'exécuter.
Souvent je prends des novices avec moi pour leur faire partager un peu de mes connaissances et de ma sagesse en la matière. Ce qui est cool avec le cigare, c'est qu'il suffit d'en savoir un peu (et comparé à d'autres, je n'en sais qu'un peu) pour tout de suite paraître particulièrement érudit... mais en fait, je ne suis qu'un escroc. Une fois que tu seras à l'aise avec le cigare, tu pourras, comme moi, faire quelques blagues amusantes à quelques jeunes padawan à qui tu feras partager ta science, du genre, au moment où il faut couper le cigare, hurler "NON!!!!"... là, le mec en face de toi croit avoir commis une faute impardonnable sur le cigare. Son angoisse est d'autant plus grande que le cigare véhicule une image de luxe, de volupté, de savoir-vivre qui pourra faire passer ce hurlement pour un cri du coeur d'autant plus grave. Ah, que l'on rigole bien avec moi...
Au début, j'ai coupé mes premiers cigares avec un couteau bien aiguisé, et franchement, ça donnait de bons résultats, le même effet qu'un coupe-cigare à une lame qui ressemble à ça:


Mais tu peux aussi opter pour la solution à deux lames:

J'avoue une préférence pour le double lame qui permet de répartir la pression sur la cigare de manière plus uniforme...
Il existe aussi l'emporte-pièce qui permet de découper sur la tête du cigare un trou, car la lame est circulaire comme le montre cette très jolie illustration:



C'est quoi le mieux? Franchement, c'est une question de goût, d'habitude, de mode... Il faut tester et se faire sa propre idée. On dit que l'emporte pièce favorise un dépôt de nicotine au niveau de la tête, mais qu'il convient mieux aux cigares non-cubains, etc.
Le cigare possède deux extrémités, la tête et le pied. Pour faire la différence, y'a un côté fermé et l'autre qui est ouvert. C'est bien sur le côté fermé qu'il faudra ouvrir! Bravo, on y arrive... et bien sûr le côté ouvert que l'on va allumer... je préfère le préciser car j'ai déjà vu des gens ne pas couper le cigare et allumer la partie fermée, ce qui est très drôle quand on les entend dire "Putain, que c'est bon" (Si ça t'es déjà arrivé, alors oui, c'est moi le mec qui se foutait de ta gueule au fond du fumoir). Alors justement, cette partie fermée s'appelle la tête du cigare... sans doute car c'est la partie qui passe à la guillotine... et donc forcément, l'autre partie, c'est le pied du cigare.
Maintenant, repère sur ce cigare la tête et le pied (mode Dora l'exploratrice):


Bravo! tu as répéré que le bout arrondit correspond à la tête, et l'autre bout au pied.
Si tu n'as rien compris, relis tout depuis le début ... ou alors allume le cigare par le bout arrondit et envoie moi tout ça en vidéo pour que je me marre un peu.
Pour la coupe, faut faire simple, on coupe à quelques millimètres du bout. Y'a un truc pratique pour pas trop se planter au début: tu poses le coupe-cigare ouvert sur une table, tu places la tête du cigare dans le trou du coupe cigare (la tête touchant donc aussi la table), et tu coupes d'un geste rapide. Avec l'emporte pièce, pas compliqué, tu fais de petits gestes circulaires sur la tête jusqu'à ce que la lame soit bien enfoncé, ensuite tu retires. L'avantage de l'emporte pièce étant que tu évites d'écraser ton cigare entre des lames et de le le voir se fendiller...
L'allumage n'est pas très compliqué, suffit juste de suivre des règles simples, pleines de bon sens. Primo, on allume avec un feu "neutre" gustativement car le cigare est une éponge à odeur, donc on oublie le zippo, les allumettes sentant le soufre, les bougies avec la paraffine, il faut une allumette "neutre", un briquet au gaz, tout simplement. Deuxio, on approche la flamme du pied du cigare et l'on pompe tranquillement en faisant tourner pour que la combustion soit uniforme. Maintenant tu peux te détendre, t'asseoir tranquillement sur tes chiottes et profiter de l'instant. On voit très souvent l'allumage se faire avec un briquet torche (celui avec la jolie flamme bleue). Faut juste faire gaffe de ne pas mettre directement la flamme en contact avec le cigare, même à un centimètre, l'allumage se fera et tu éviteras d'agresser les feuilles du cigare. Ce genre de chalumeau est en revanche bien pratique pour rallumer un cigare qui se serait éteint. Flamme classique ou flamme bleue? Encore une fois, c'est à chacun de se faire sa propre idée, d'essayer, en fonction de son goût.
Attention! Le cigare c'est pas une cigarette, faut pas pomper dessus comme Tabatha Cash sur Rocco Siffredi! Prend ton temps mon petit, y'a rien qui presse. C'est le cigare qui va t'imposer son rythme et non l'inverse. Tu as du remarquer que j'ai utilisé le verbe "pomper", car il faut pomper et non pas aspirer, car le cigare se crapotte, on n'avale pas la fumée, et oui, tu ne cherches pas ta dose de nicotine avec, mais des saveurs, des parfums, une force, une douceur, etc.
Une fois fini (si tu es novice, juste avant de vomir), tu reposes tranquillement le cigare sans l'écraser... pourquoi? bah écrase le la prochaine fois et sens tes doigts après, tu comprendras...
Tous ces conseils se retrouvent un peu partout dans les bouquins, sur internet, etc. J'en ai fait un petit condensé à ma sauce.

Pour ma part, le forum http://www.poignee2cigares.com/phpBB/index.php m'a beaucoup aidé.

Dans un autre épisode (peut-être pas le prochain), on s'intéressera au cigare en lui-même, maintenant que l'on sait comment le préparer.